dimanche 23 mars 2014

Sur la piste des bébés tortue, fin


Après quelques minutes de concertation, nous décidons, Maud et moi, qu'il y a une petite chance qu'on se soient trompées et que les gens qu'on a suivis n'aient rien à voir avec les tortues. Nous attendons donc pour voir si quelqu'un n'apparaîtrait pas, par miracle, pour nous guider. Et voilà que de l'extrémité de la plage, côté bonhomme, un silhouette se détache. Un homme arpente lentement  la plage, les yeux rivés au sol. Il arrive à notre hauteur. Ce n'est pas un garde nature, mais un bénévole de l'association Bwara qui protège les tortues.( Les membres de cette association accueillaient ceux qui le désiraient, jusqu'à l'année dernière, lors de leurs rondes matinales, pour les sensibiliser aux dangers qui guettent les tortues, mais ils refusent aujourd'hui d'accompagner des groupes car il y a eu trop de débordements et de personnes indélicates qui ne suivaient pas leurs conseils et causaient finalement du tort aux tortues). Nous lui demandons tout de même si nous pouvons le suivre et il accepte très gentiment.
C'est une mine de renseignements sur les tortues, qu'il a déjà étudiées dans plusieurs pays, en particulier en Amérique Centrale. Avec lui, nous découvrons les traces de pas moins de cinq émergences. La nuit a été active par ici! A chaque fois, ce sont des dizaines de bébés tortue qui se sont précipités vers la mer. Sur les cinq nids, un a été fouillé par des chiens, qui ont sans doute mangé les oeufs restant (les éclosions dans un même nid peuvent se faire en plusieurs vagues, sur 72heures). Nous trouvons aussi les restes d'un feu mal éteint autour duquel des jeunes ont dû se réunir. Cela attriste notre jeune scientifique: les éventuels nids alentours ne donneront naissance à aucune petite tortue, tuées dans l'oeuf par la chaleur. Il nous parle aussi de la dune créée par la municipalité pour protéger les riverains des inondations. Elle a été faite en mélangeant le sable de la plage avec celui de la rivière qui est trop compacte pour que les tortues puisent y creuser leurs nids. Elles sont dons obligées de les faire plus bas, plus proches de la mer, et donc moins à l'abri. De plus, des plantes non endémiques commencent à coloniser la plage et leurs racines réduisent encore l'espace de ponte. Le jeune homme reste optimiste. Il espère que des mesures vont être prises pour protéger les tortues grosse tête. Après tout,cela fait des millénaires qu'elles viennent pondre sur cette plage et elles font partie de l'identité de ce pays.
A chaque émergence découverte, il écarte délicatement le sable sur 5 à 10 centimètres de profondeur pour vérifier qu'aucune petite tortue, déjà éclose, ne s'y trouve piégée. Le sable étant foncé, il chauffe trop sous le soleil de la journée pour lui laisser un espoir de survivre jusqu'à la nuit suivante. Au deuxième nid, nous avons l'émotion de voir émerger une petite tête du sable brun. Joséphine pointe le bout de son bec.


Le fait de sentir l'air réveille ses réflexes: elle se remet à creuser et émerge totalement. Il faut se garder de la toucher: les quelques mètres qu'elle va parcourir jusqu'à la mer sont cruciaux: ils vont lui permettre de dégourdir ses pattes en prévision des milliers de km qu'elle va couvrir à la nage, et surtout de prendre ses repères GPS pour pouvoir revenir sur cette même plage pour y pondre ses premiers oeufs dans 25 ans, quand elle aura atteint sa maturité sexuelle.(s'il s'agit d'une femelle, bien sûr. Les mâles ne reviennent pas )
le voilà qui grimpe les parois de l'entonnoir créé par ses soeurs cette nuit.


Entre elle et la mer, deux mètres de laisse-de-mer, tous les déchets accumulés par la marée. C'et là que nous pouvons intervenir: notre guide demande aux filles de déblayer le chemin devant Joséphine, ce qu'elles font avec empressement et délicatesse, à tour de rôle au fur et à mesure de la progression de la petite tortue.



Puis c'est le sable mouillé. Joséphine marche d'un bon coeur. Ses petites pattes répondent bien, la pente est douce jusqu'à la mer. Notre guide en profite pour nous faire remarquer qu'elle marche sur ses coudes, contrairement à des tortues d'espèces plus lourdes, comme la tortue luth, qui utilisent toute la patte largement étendue.

Joséphine, entre ses deux anges-gardiens.

Tu y es presque, Jo!
Et voilà la mer. Joséphine se fait chahuter par la première vague qui la ramène au bord. La petite tortue reprend vaillamment son chemin. Une deuxième, puis une troisième vague la ramènent sur le sable. Mais la petite bête est têtue. Elle finit par prendre la bonne lame et disparaît à nos yeux. Bon voyage, Joséphine! On espère qu'on t'aura porté chance!




On voit en core la petite carapace sous la mousse...



Sur la piste des bébés tortue, suite

Je ne me suis pas avouée vaincue par notre malchance lors de notre week-end à Poé. Je décide de tenter une action coup de poing ce dimanche: lever à 3h à Nouméa, départ à 3h30, deux heures de route, jonction à 5h30 avec les gardes nature sur la plage de la Roche Percée, rencontre avec les tortues autochtones, deux heures de route, retour prévu au campement à 10h.
Enfin, ça, c'est sur le papier.
 Il faut d'abord convaincre les troupes (moins Pascal. Avec ses responsabilités, j'ai déjà suffisamment mauvaise conscience de l'avoir fait lever deux fois à 5 heures en week-end!). Les filles sont partantes, mais pas question pour Corentin de se lever si tôt sans avoir l'assurance qu'on verra quelque chose! Ce sera donc une virée entre filles.
Ce matin donc, il fait nuit noire quand nous nous levons. Jeanne dort debout (elle était invitée par une copine hier soir et est rentrée à 23heures...). Je lui prends donc couette et coussin pour la route. Maud me seconde efficacement. Nous fermons doucement la porte derrière nous. A nous l'aventure! ... Et pour qui connait les routes et la conduite locale, c'est vraiment une aventure!
Arrivées sans encombres (ouf!) à la Roche Percée, nous attendons sur la plage que les gardes nature arrivent. Il a fallu user de toute notre force de persuasion sur Jeanne qui voulait rester dans la voiture pour dormir!
Catastrophe: en scrutant l'extrémité opposée de l'anse, nous distinguons deux gardes suivis d'un groupe de personnes qui longent la laisse-de-mer! Ils ont justement choisi aujourd'hui pour faire le trajet à l'envers! Le temps de marcher jusqu'à eux, la messe sera dite. Nous remontons donc en voiture pour les rattraper. Nous longeons la baie. Premier arrêt. Maud descend vérifier: ils sont encore plus loin. Nous redémarrons. Deuxième arrêt: mince, comment ont-ils marché si vite? Nous les avons dépassés de 100 mètres. Nous essayons de les rattraper à pied, dans le sable, mais peine perdue: ils sont déjà à la fin de la plage que nous avons encore 50 mètres dans la vue! Nous avons tout raté: le temps d'arriver au bout de la plage, tout le monde s'est volatilisé! Nous voilà revenues à notre point de départ. Quatre heures de route (aller-retour) et un lever à 3 heures pour s'épuiser à courir dans le sable! Je ne sais si j'aurai le courage de recommencer!

Sur la piste des bébés tortue

Pour fêter la Saint-Valentin, Pascal m'a offert un week-end à Poé. C'est la saison des éclosions de bébés tortue grosse tête sur la plage de la roche percée et je rêve d'en voir au moins une sortir du nid pour aller jusqu'à la mer. Pour cela, il vaut mieux dormir sur place: les tortues éclosent la nuit et la seule chance d'en voir est de tomber sur une retardataire au petit jour.
Il y a quinze jours, donc, nous débarquons au centre de vacances de la mutuelle des fonctionnaires. Les bungalows sont pris d'assaut et réservés de longue date, mais Pascal a réussi à nous dégoter  un studio libre pour ce week-end. C'est petit, mais face au lagon turquoise, avec une terrasse très agréable pour prendre le petit déjeuner. On se croirait en vacances!
Bon, Pascal n'a pas vraiment bonne mine, mais c'est que je l'ai réveillé à cinq heures...
Le samedi matin donc, réveil à 5 heures du matin. Arrivés à la Roche Percée, nous attendons les premières lueurs de l'aube pour arpenter la plage à la recherche de traces de tortues. Nous sommes tout fiers quand nous découvrons les marques très claires dans le sable que plusieurs bébés tortue ont trouvé leur chemin vers la mer.



Renseignements pris auprès des gardes nature qui font leur ronde du matin, il s'agit en fait de traces de bernard l'ermite... :(
Il y a eu peu d'activité cette nuit et nous rentrons bredouilles. 
Petit déjeuner sur la terrasse, donc, puis nouveau départ: nous allons faire le sentier des trois baies: il commence à la baie de la Roche Percée et mène à la baie des tortues puis à celle des amoureux. Tout un programme!
La balade est très agréable, avec de jolis points de vue. Mais, ça monte, ça descend, et ça monte, ça descend et ça remonte... Dur-dur, surtout après avoir parcouru toute l'anse de la Roche Percée au petit matin!
Après la première montée, vue sur la baie de la Roche percée et sur la rivière de la Néra.

Un joli oratoire a été construit là, bien fleuri , et Marie veille sur les baies.

De l'autre côté, le regard plonge sur la baie des tortues. (Nous sommes sur le promontoire qui domine le bonhomme de Bourail.)

Petite pause une fois arrivés en bas. Au fond, le bonhomme nous montre cette fois son profil droit.


La plage est bordée de pins colonnaires.
                             

Deuxième grimpette, on arrive à un point de vue sur la baie des amoureux. Les martinets ont élu domicile dans les falaises et nous survolent pendant toute la promenade.


Tout en bas, la baie des amoureux.

Et la voici vue d'en-bas;

Un portait sur un banian, les racines lui servent de dreads!
L'après-midi, c'est baignade dans le lagon... Mais très rapide: il y a du vent et les kite-surfs ont envahi les lieux, ignorant superbement les limites de la zone qui leur est allouée. Nous n'avons pas envie d'être l'accident qui rendra les autorités plus strictes et nous sortons très vite de l'eau.

Le lendemain matin, rebelote: lever à 5 heures. Tout le monde grogne un peu, mais je tiens ferme: nous sommes venus pour les tortues!
Cette fois-ci, nos yeux aguerris repèrent deux traces de retardataires. Nous ne nous sommes pas trompés, confirment les gardes nature, mais nous avons manqué la seule petite tortue qu'ils verront aujourd'hui: elle est descendue vers la mer juste au moment où ils passaient. Il n'y a pas eu d'émergences cette nuit, seulement quelques retardatairesLa déception est plus cruelle ce matin, c'était notre dernière chance du week-end. On sait tout de même comment s'y prendre la prochaine fois: on attendra sagement les gardes et on les suivra pendant leur ronde.

Maud devant une trace de bébé tortue... Avouez que ça ressemble un peu à ce qu'on avait trouvé hier!



 On profite quand même de cette deuxième journée au bord du lagon: ce sera kayak, puis plage avec Paul-Marie (le dir cab) et Julie qui nous ont rejoints avec leur petit Louis.



Et même en week-end, il faut penser aux devoirs...


jeudi 16 janvier 2014

Retour à Nouméa

Mais notre croisière touche à sa fin: les grands prennent leur avion ce soir, il est temps de rentrer à Nouméa. Les deux dernières heures de navigation passent agréablement: même si ce voyage fut magnifique, nous avons hâte de nous retrouver à la maison... Mais cela veut dire aussi que nous nous rapprochons inexorablement de la séparation avec Coline et Pierre! Les derniers moments se passent donc ensemble sur le pont, entre câlins et fous-rires.
Pierre profite du bon air avant les manoeuvres d'entrée au port



Maud fait un câlin à Coline, Jeanne chahute avec Pierre, on profite de chaque instant.
Avec sa grande soeur, Jeanne redevient parfois un petit bébé...


Dernière manoeuvre: les hommes rangent le spi dans sa chaussette...


...pendant que Corentin aide aux cordages.

Le Phare Amédée




Nous passons la nuit près d'un îlot isolé, et le lendemain matin, nous voici en vue du Phare Amédée. L'arrivée est très jolie, on peut admirer tout son soûl ce monument qui domine l'îlot de ses 56 mètres. Penser qu'il veille au grain depuis 1865 est émouvant.

Une fois amarrés à une bouée, nous plongeons autour du bateau. Les poissons sont habitués à être nourris par les visiteurs du phare: nous sommes vite entourés par une myriade de petits êtres frétillants et vifs qui viennent nous manger dans les mains... C'est même assez effrayant! Parmi eux se glissent nonchalamment  des poissons perroquets dont les couleurs vives nous enchantent!








Après cette petite récréation, nous allons à terre pour nous approcher du vénérable géant. Malheureusement, nous ne pourrons pas monter ses 247 marches: nous sommes lundi, jour de relâche! Mais le voir de son pied est déjà impressionnant...


Attention, les Gauci débarquent!




Le phare, premier phare métallique de France,a été construit dans l'atelier de M.Rigolet sur la Butte Chaumont en 1862 et il est resté deux ans à dominer Paris avant d'être démonté et transporté ici! Il a fallu dix mois pour le reconstruire sur l'îlot
Nous faisons ensuite une petite promenade en bord de mer, à la recherche des tricots rayés qui sont légion sur l'île. Justement, en voilà un qui sort de l'eau à la recherche d'un coin chaud et tranquille. Nous le regardons longuement se déplacer sur le sable, quand, visiblement agacé, il retourne à l'eau, nous permettant ainsi d'admirer sa nage fluide: double émerveillement!








Navigation




Il est déjà temps de quitter l'île des pins: une journée entière de navigation nous attend jusqu'à l'îlot Amédée, au large de Nouméa. On s'occupe comme on peut à bord pour faire passer le temps:
On regarde un dessin animé,
On apprend l'ardue manipulation du sextant (vive le GPS!),

Tu le vois, le soleil vert, Maud?
On chante des chansons (Ah, "le petit hamster" d'Henri Dès...)


Corentin en profite pour apprendre les accords de ukulélé pour les rejouer à la maison sur celui qu'il a reçu à Noël,


Les filles s'amusent à tester toutes les façons de nouer un paréo trouvées sur un livre prêté par notre skipper:





Kanuméra


En fin d'après midi, nous mouillons donc dans la belle baie de Kanuméra. Nous nous rendons à l'intérieur de ce qui reste des murailles de l'ancien fort pour faire un petit tour dans la boutique d'artisanat local... Et récupérer le paquet de notre skipper. En revenant, nous admirons l'imposant rocher tabou qui trône au milieu de la baie. Avons que la nuit ne tombe, nous plongeons à son pied où nous découvrons avec émerveillement la grotte indiquée par notre skipper. Elle est tapissée de gorgones. Le soleil couchant fait ressortir leurs couleurs, c'est un enchantement!


Le rocher de Kanuméra. La grotte est à droite, à l'opposé de la plage.

La plage de la baie, à la lumière de fin d'après-midi.